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d’or, vous divaguez en l’honneur de votre dieu, l’or. Laissez-nous aussi, nous pauvres d’esprit, divaguer en l’honneur du nôtre, le Christ crucifié. Vous vous moquez des moines qui dansent autour de la croix sur la place. Attendez, vous verrez mieux que cela ! Que direz-vous, les sages, lorsque j’obligerai non seulement les moines, mais tout le peuple de Florence, enfants et hommes, vieillards et femmes, dans leur ardeur zélée, agréable à Dieu, à danser autour de la sainte Croix, comme jadis David devant l’Arche sainte ?…


V

Giovanni, après avoir quitté la cellule de Savonarole, se rendit sur la place de la Seigneurie. Sur la Via Larga il rencontra l’armée sacrée. Les enfants avaient arrêté deux esclaves portant un palanquin dans lequel était étendue une femme luxueusement vêtue. Un chien blanc dormait à ses pieds. Un perroquet et une guenon étaient juchés sur un perchoir. Derrière le palanquin suivaient des valets et des gardes du corps.

C’était une courtisane, nouvellement arrivée de Venise, Lena Griffa, de la catégorie de celles que les gouverneurs de la République appelaient avec une respectueuse politesse : puttana onesta, meretrix onesta, noble et honnête courtisane, ou bien en moquerie tendre : mammola, petite âme.