Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le matin il eut un rêve : assis avec monna Cassandra sur un bouc noir qui volait dans les airs. « Au sabbat ! au sabbat ! » murmurait la sorcière, tournant vers lui son visage pâle comme du marbre, ses lèvres rouges comme du sang, ses yeux transparents comme l’ambre. Et il reconnut en elle la déesse de l’amour terrestre, portant dans ses yeux une tristesse céleste – la Diablesse blanche. La pleine lune éclairait sa nudité ; de son corps émanait un parfum si doux et si terrible que les dents de Giovanni s’entrechoquaient ; il l’enlaçait, se serrait contre elle.

Amore ! amore ! murmurait-elle en riant.

Et la toison noire du bouc s’enfonçait sous eux, moelleuse et chaude comme un lit. Et il semblait à Giovanni que c’était la mort.


IV

Le soleil, le carillon des cloches et des voix d’enfants éveillèrent Giovanni ; il descendit dans la cour et y vit une foule de gens uniformément vêtus de blanc, tenant d’une main une branche d’olivier et dans l’autre une petite croix rouge. C’était l’armée sacrée des enfants inquisiteurs, formée par Savonarole pour l’observation des bonnes mœurs dans Florence. Giovanni se mêla à la foule et écouta les conversations.

À cet instant, les rangs de l’armée sacrée s’agitèrent.