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plus en plus. Qui a lu la célèbre inscription sur les ruines de la porte Tiburtienne ? Parfois, je grimpais si haut que la tête me tournait ; une pierre se détachait sous mes pieds, j’avais à peine le temps de m’agripper à un buisson pour ne pas la suivre. Des jours entiers en plein soleil, je déchiffrais et je transcrivais. De jolies paysannes passaient et riaient : « Regardez donc où s’est perchée la caille ; l’imbécile cherche un trésor ? » Je plaisantais avec elles et, de nouveau, je reprenais mon travail. Là, où les pierres s’étaient effritées sous le lierre et les ronces, seuls deux mots restaient : Gloria Romanorum !

Et comme s’il écoutait le son depuis longtemps éteint des grands mots, il répéta sourdement :

Gloria Romanorum ! Gloire aux Romains ! Eh, se souvenir, n’est-ce pas revivre ? déclara-t-il.

Et avec un geste large levant son verre, d’une voix enrouée il entonna la chanson bachique des rhéteurs :


Je ne me tromperai pas à jeun
D’un iota, d’un mot.
Toute ma vie s’écoula au cabaret.
Et je mourrai
Derrière un tonneau.
J’aime la chanson comme le vin
Et les latines grâces.
Si je bois, je chante aussi,
Et bien mieux qu’Horace.
Dans mon cœur bouillonne l’ivresse.
Dum vinum potamus.
Frères, chantons l’hymne à Bacchus.
Te Deum laudamus