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fut la proie du démon de la tristesse et de la révolte.

Une fois, il entendit le frère Savonarole prêcher contre la peinture et exiger que chaque tableau apportât son profit utilitaire, instructif et suggestif, dans la grande œuvre du salut des âmes. Selon Savonarole, en détruisant par la main du bourreau toutes les œuvres d’art tentatrices, les habitants de Florence feraient action agréable à Dieu.

Le moine jugeait de même la science : « Imbécile est celui, disait-il, qui s’imagine que la logique et la philosophie confirment les vérités de la Foi. Une vive lumière a-t-elle besoin d’un faible rayon ? La sagesse de Dieu, de la sagesse humaine ? Les apôtres et les martyrs se souciaient-ils de la logique et de la philosophie ? Une vieille ignorante qui prie sincèrement est plus près de la connaissance de Dieu que tous les sages et tous les savants. Leur philosophie et leur sagesse ne les sauveront pas le jour du Grand Jugement. Homère et Virgile, Platon et Aristote, tous vont vers l’antre de Satan – tutti vanno alla casa del diavolo. Pareils aux sirènes, qui charment l’ouïe par de perfides chants, ils conduisent à la perte éternelle de l’âme.

« La science donne aux gens, en place de pain, une pierre.

« Regardez ceux qui s’adonnent aux études de ce monde, leurs cœurs sont de granit. »

« Qui sait peu aime mal. Le grand amour est fils de la grande science. » Maintenant, Giovanni comprenait la profondeur de ces mots, et, en écoutant