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mur, un crucifix, se mit à genoux et commença à prier afin de chasser la tentation. Derrière le mur, dans le jardin, sous les branches du même rosier, une mandoline se fit entendre. Quelqu’un cria, une voix murmura peureuse :

— Non… non… laisse-moi…

— Ma jolie, répondit une autre voix, ma jolie, mon adorée ! Amore !

La mandoline tomba, les cordes résonnèrent et le bruit d’un baiser frissonna dans le calme.

Giovanni sursauta, répétant :

Gesù ! Gesù ! et n’osa plus ajouter : Amore.

« Encore, songea-t-il, elle est encore ici. Sur le visage de la Madone, dans les paroles du saint hymne, dans le parfum des roses qui entourent le crucifix !…

Il cacha son visage dans ses mains et se prit à courir.

Rentré au couvent, Giovanni se rendit auprès de Savonarole et se confessa. Le prieur lui donna le conseil habituel de lutter contre le diable par le jeûne et la prière. Lorsque le novice voulut expliquer que ce n’était pas le diable de la passion charnelle, mais le démon de la beauté païenne, qui le tentait, le moine ne le comprit pas, s’étonna d’abord, puis fit observer sévèrement que tous ces dieux menteurs ne contenaient que désir impur et orgueil, qu’ils étaient toujours difformes et indécents et que, seule, la bienfaisance chrétienne possédait la beauté.

Giovanni le quitta inconsolé. À partir de ce jour il