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III

Parmi les moines qui écoutaient Savonarole se trouvait le novice Giovanni Beltraffio.

Lorsque les frères commencèrent à se disperser, il descendit avec eux l’escalier qui conduisait à la cour principale du monastère et s’assit à sa place préférée, dans la longue galerie couverte, où toujours, à cette heure, régnaient le calme et la solitude.

Entre les murs blancs du couvent croissaient des lauriers, des cyprès et un buisson de roses de Damas, à l’ombre duquel frère Savonarole aimait à prêcher. La tradition rapportait que des anges, la nuit, arrosaient ces roses.

Le novice ouvrit l’Épitre de l’apôtre Paul aux Corinthiens et lut :

« Vous ne pouvez boire à la coupe du Seigneur et à celle du diable ; vous ne pouvez manger à la table du Seigneur et à celle du démon. »

Il se leva et commença à marcher le long de la galerie, il se rappelait toutes les pensées et les sentiments qui l’avaient agité depuis un an qu’il faisait partie de la communauté de San Marco. Les premiers temps, il avait éprouvé une grande douceur d’âme en se trouvant parmi les disciples de Savonarole. Parfois, le matin, le frère Savonarole les emmenait aux portes de la ville. Par un sentier ardu, qui semblait conduire directement au ciel, ils montaient