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impassible, tel un visage de mort. Savonarole, pensant qu’il était sous l’influence divine, le contempla en une pieuse attente.

Mais Maruffi ouvrit les yeux, tourna lentement la tête comme s’il écoutait, regarda la fenêtre grillée, et avec un sourire clair, bon, presque raisonnable, murmura :

— Maintenant l’herbe pousse dans les champs et les soucis aussi. Ah ! frère Savonarole, tu as apporté ici suffisamment de trouble, tu as satisfait ton orgueil, tu as amusé le diable, – assez ! Il faut penser maintenant un peu à Dieu. Quittons ce monde maudit, partons ensemble dans le désert calme.

Et il chanta d’une voix agréable, en se balançant :


Allons dans le bois vert,
Refuge mystérieux,
Où bruissent les sources à ciel ouvert,
Où chantent les loriots amoureux.


Puis il se leva d’un bond – des chaînes de fer sonnèrent sur son corps – il s’approcha de Savonarole, saisit sa main et balbutia, étouffant d’ardeur :

— J’ai vu, vu, vu ! Hou ! fils du diable, tête de mulet, que les rats rongent ton nez !… J’ai vu !…

— Parle, frère, parle vite…

— Le feu ! le feu !… dit Maruffi.

— Après ?

— Le feu d’un bûcher ! continua Sylvestre – et, dedans, un homme !

— Qui ? demanda Savonarole.