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— Écoute, Giovanni, et retiens bien ceci. Nos maîtres sont les Anciens Grecs et Romains. Ils ont fait tout ce que les hommes peuvent faire sur la terre. Nous n’avons qu’à les suivre et les imiter. Car il est dit : « L’élève ne peut être au-dessus du maître. »

Il but une gorgée de vin, plongea son regard joyeusement malin dans les yeux de Giovanni, et subitement ses rides se détendirent en un large sourire :

— Eh ! jeunesse, jeunesse ! Je te regarde, moinillon, et je t’envie. Un bourgeon printanier, voilà tout ce que tu es ! Tu ne bois pas de vin, tu fuis les femmes… Saint Tranquille ! Et à l’intérieur, c’est le démon. Tu es triste et tu me rends gai. Tu es, Giovanni, pareil à ce livre : dessus des psaumes repentants, et, dessous, l’hymne à Aphrodite !

— Il fait nuit, messer Giorgio. Peut-être serait-il temps d’éclairer ?

— Attends. J’aime à causer dans l’obscurité et me souvenir de ma jeunesse.

Sa langue s’empâtait, sa parole devenait difficile.

— Je devine, mon chéri, continuait-il, tu me regardes et tu penses : le vieux barbon est ivre et dit des bêtises. Et pourtant, moi aussi j’ai quelque chose là-dedans.

Avec suffisance, il désigna du doigt son front chauve.

— Je n’aime pas à me flatter, mais demande au premier professeur venu, il te dira si quelqu’un a surpassé Merula dans les élégances de la langue latine. Qui a découvert Martial ? continuait-il, s’animant de