Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

Bellincioni a composé un hexamètre dans lequel il est dit que sous le règne doux de l’Auguste le More, bien-aimé des dieux, le Clou sacré donnera naissance à un siècle d’or.

En sortant de l’église, le duc s’est approché de Léonard, l’a embrassé sur les lèvres et l’a appelé son Archimède, puis il l’a remercié de l’agencement miraculeux de la machine et lui a promis en cadeau une jument barbaresque de son haras particulier de la villa Sforzesca et deux milles ducats impériaux. Et après lui avoir amicalement frappé sur l’épaule, il lui a dit qu’il pouvait maintenant, en toute liberté, terminer le Christ de la Sainte Cène.

J’ai compris la parole de l’Évangile : « L’homme à pensées doubles n’est pas ferme en tous ses desseins. »

Je ne puis plus endurer tout cela. Je me perds, je deviens fou. Pourquoi m’as-tu abandonné, Seigneur ?

Il faut fuir, tant qu’il en est temps encore.

Je me suis levé la nuit, j’ai réuni mes vêtements, mon linge, mes livres en un paquet, j’ai pris un