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tableau, examinant et jugeant le travail accompli. Parfois, à midi, il abandonne brusquement un ouvrage commencé, court au monastère, à travers les rues désertes, sans choisir le côté de l’ombre, comme attiré par une force invisible, grimpe sur l’échafaudage, donne deux ou trois coups de pinceau et revient.

Tous ces jours-ci, le maître a travaillé à la tête de l’apôtre Jean. Il devait la terminer aujourd’hui. Mais, à mon grand étonnement, il est resté à la maison, et dès le matin, avec le petit Jacopo, s’est amusé à observer le vol des bourdons, des guêpes et des mouches. Il est tellement occupé à étudier leur corps et leurs ailes que l’on croirait que le sort du monde en dépend. Il a été heureux infiniment en découvrant que les pattes postérieures des mouches leur servaient de gouvernail. À son avis, cette découverte est excessivement précieuse et utile pour la construction de sa machine à voler.

Cela se peut. Mais c’est vexant tout de même de le voir abandonner la tête de l’apôtre Jean pour des observations sur les pattes de mouches.

Aujourd’hui, autre misère. Les mouches sont oubliées ainsi que la Sainte Cène. Le maître combine un joli modèle d’écusson pour l’inexistante Académie de