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mécomptes en assurant qu’il n’a pas dû observer tous les principes du maître et redouble de zèle. Et Cesare da Sesto triomphe.

— L’excellent Marco, dit-il, est un véritable martyr de la science. Son exemple démontre que toutes ces règles et toutes ces cuillers et tables chiffrées pour les nez ne valent pas le diable. Il ne suffit pas de savoir comment naissent les enfants pour en avoir. Léonard se trompe et trompe les autres. Il dit une chose et fait le contraire. Quand il peint il ne songe à aucun principe, il suit simplement son inspiration. Mais il ne lui suffit pas d’être un grand artiste, il veut aussi être un célèbre savant, il veut réconcilier l’art avec la science, l’inspiration avec la mathématique. Je crains, cependant, que chassant deux lièvres, il n’en attrape aucun !

Peut-être y a-t-il une part de vérité dans les paroles de Cesare. Mais pourquoi déteste-t-il ainsi le maître ? Léonard lui pardonne tout, écoute complaisamment ses mordantes ironies, apprécie son esprit et jamais ne se fâche contre lui.

J’observe comment il travaille à la Sainte Cène. Dès l’aube, il quitte la maison, se rend au monastère, et pendant toute la journée, jusqu’au crépuscule, il peint, oubliant même de manger. Ou bien durant deux semaines il ne touche pas à ses pinceaux. Mais chaque jour il passe deux ou trois heures devant son