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Cesare da Sesto raconte que Léonard, s’il rencontre dans la rue un monstre curieux, peut le suivre et l’observer durant toute une journée, s’appliquant à se rappeler les transformations de son visage. « La grande laideur chez les hommes, dit le maître, est aussi extraordinaire que la grande beauté. La médiocrité seule se rencontre toujours. »

Il a imaginé un système étrange pour se souvenir des figures. Il suppose que le nez des gens est de trois façons : ou droit, ou bosselé, ou rentré. Les droits peuvent être ou courts ou longs avec des extrémités carrées ou pointues. La bosse se trouve ou à la racine du nez ou à l’extrémité ou au milieu. Et ainsi de suite pour chaque partie du visage. Toutes ces subdivisions infinies sont marquées par des chiffres dans un livre spécialement quadrillé. Lorsque l’artiste rencontre en un endroit un visage qu’il désire retenir, il lui suffit de noter à l’aide d’une marque au crayon le genre correspondant au nez, au front, aux yeux, au menton, et de cette manière, à l’aide de ces chiffres, la physionomie s’incruste dans la mémoire indélébilement. Rentré chez lui, il réunit toutes ces divisions en une seule forme. Il a aussi inventé une cuiller pour le