Il s’habille simplement, ne peut souffrir les couleurs voyantes et les frivolités de la mode. Il n’aime aucun parfum. Mais son linge est de fine toile et toujours blanc comme la neige. Il porte un béret de velours noir, sans plumes et sans médailles. Par-dessus sa tunique noire, qui lui tombe jusqu’aux genoux, il jette un manteau rouge foncé à plis droits, d’ancienne coupe florentine – pitocco rosato. Ses mouvements sont souples et tranquilles. En dépit de ses vêtements simples, toujours, n’importe où il se trouve – parmi les seigneurs ou dans la foule – il a un tel air qu’on ne peut s’empêcher de le remarquer. Il ne ressemble à personne.
Il peut tout faire et il sait tout. Il est excellent tireur à l’arc et à l’arbalète, parfait cavalier et nageur, maître ès escrime. Une fois je l’ai vu concourir avec les plus forts hommes du peuple ; le jeu consistait en ceci : il fallait, dans une église, jeter une petite pièce de monnaie de façon qu’elle touchât le centre même de la coupole. Messer Leonardo a vaincu tout le monde par son adresse et par sa force. Il est gaucher. Mais de cette main gauche, fine et tendre d’aspect ainsi qu’une main de femme, il plie des fers à cheval, tord le battant d’une cloche, et cette même main, dessinant