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Le maître a dit :

— Quand tu posséderas à fond la perspective et que tu connaîtras par cœur les proportions du corps humain, observe attentivement, pendant tes promenades, les mouvements des gens, comme ils se tiennent debout, comment ils marchent, comment ils causent, discutent, rient et se battent ; quelles sont, à ce moment, l’expression de leurs visages et celle des spectateurs qui veulent les séparer ou les regardent passivement. Inscris et dessine tout cela dans un livre qui ne doit jamais te quitter. Lorsque ce livre sera complet, prends-en un autre, mais garde le premier précieusement. Souviens-toi que tu ne dois ni gratter ni supprimer ces dessins, car les mouvements des corps sont si divers dans la nature qu’aucune mémoire humaine ne saurait les retenir. Voilà pourquoi tu dois considérer ces dessins comme tes meilleurs conseillers et tes meilleurs maîtres.

Je me suis acheté un livre et chaque soir j’y inscris les mémorables paroles prononcées par le maître durant la journée.

Aujourd’hui, dans l’impasse des Fripières, non loin de l’église, j’ai rencontré mon oncle, le maître verrier