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— Qu’as-tu, Giovanni ?

— Ils disent, maître… Je sais que c’est un mensonge… Je ne crois pas… mais dites… dites-le-moi vous-même !

Il n’acheva pas, étouffant d’émotion.

— Tu te demandes, fit Léonard avec un triste sourire, tu te demandes s’ils disent la vérité… si je suis un assassin ?

— Un mot, un seul de votre bouche, maître !

— Que puis-je te dire, mon ami ? Et pourquoi ? Tu ne me croiras pas, puisque tu as pu douter.

— Oh ! messer Leonardo, s’écria Giovanni, je suis tellement torturé… je ne sais ce que j’ai… je deviens fou, maître… Aidez-moi, ayez pitié de moi !… Je ne sais plus… Dites-moi que ce n’est pas vrai !

Léonard se taisait. Puis se détournant, un tremblement dans la voix, il murmura :

— Et toi aussi, tu es avec eux, contre moi !

Des coups terribles retentirent, ébranlant la maison : l’étameur Scarabullo fendait la porte à l’aide d’une hache.

Léonard écouta les cris de la populace, et son cœur se serra de cette tristesse que lui donnait le sentiment de son isolement.

Il baissa la tête. Ses yeux lurent les lignes à peine écrites.

« O mirabile giustizia di te, Primo Motore ! »

— Oui, songea-t-il, tout vient de Toi, tout le bien !