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III

Envoyé par Ludovic le More, Merula était venu à Florence acheter des manuscrits rares de la bibliothèque Laurent de Médicis, et, selon son habitude, s’était installé chez son ami messer Cipriano Buonaccorsi qui était, comme lui, amateur d’antiquités. Pendant un relais sur la route de Milan, Merula s’était lié avec Giovanni Beltraffio, avait admiré sa belle écriture et, sous prétexte qu’il lui fallait un bon scribe, il l’avait emmené avec lui dans la maison de Cipriano.

Lorsque Giovanni entra dans la pièce, Merula examinait attentivement un vieux livre, qui ressemblait à un missel. Il passait avec précaution une éponge humide sur le parchemin – un parchemin très fin fabriqué avec de la peau d’agneau irlandais mort-né –, effaçait certaines lignes à l’aide d’une pierre ponce, égalisait avec un lissoir, et ensuite examinait de nouveau en levant le livre vers la lumière.

— Mignonnes ! mignonnes ! murmurait-il, saisi d’émotion. Allons, sortez, mes pauvres ! Montrez-vous à la lumière de Dieu !… Et que vous êtes donc longues et jolies !

Il claqua des doigts et releva de dessus son travail sa tête chauve, son visage bouffi, sillonné de rides,