On apporta les somptueux habits de drap d’or. Le nouveau duc les revêtit, monta à cheval et se rendit à l’église de San Ambrogio, entouré d’une foule de partisans qui criaient : « Viva il Moro ! viva il duca ! » au son des trompes, des salves de canon, du carillon des cloches et du mutisme du peuple.
Sur la place du Commerce, du haut de la loggia du vieil hôtel de ville, en présence des syndics, des consuls, des principaux citoyens, le chef des hérauts lut le privilège accordé au duc le More par l’éternel Auguste du très saint Empire, Maximilien : « Maximilianus divina favente clementia Romanorum Rex semper Augustus, toutes les provinces, terres, villes, villages, châteaux, forts, montagnes et plaines, bois et déserts, fleuves, rivières, lacs, pêcheries, salines, mines, possessions des vassaux, marquis, comtes, barons, monastères, églises et paroisses – tout et tous, nous te donnons, Ludovic Sforza, à toi et à tes héritiers, en t’affirmant, te nommant, t’élevant et choisissant, toi et tes fils et petits-fils, souverain autocrate de la Lombardie jusqu’à la fin des siècles. »
Quelques jours après cette proclamation, on annonça la translation dans la cathédrale de la plus précieuse relique de Milan, un des clous de la sainte Croix.
Le More espérait plaire ainsi au peuple et consolider son pouvoir.