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L’échanson apporta au roi une coupe de vin français que Charles but avidement. Le vin le ranima et chassa ses noires pensées.

En même temps que l’échanson se présenta un envoyé du duc, pour inviter le roi au souper. Celui-ci refusa. L’envoyé insista. Mais voyant que ses prières étaient vaines, il s’approcha de Thibault et lui murmura quelques mots à l’oreille. Thibault fit un signe affirmatif et à son tour s’approcha du roi et murmura :

— Majesté, madonna Lucrezia…

— Hein ?… hein ?… quoi ?… quelle Lucrezia ?…

— Celle avec laquelle vous avez daigné danser au bal hier.

— Ah ! oui ! je me souviens… Madonna Lucrezia !… Exquise ! Tu dis qu’elle assistera au souper ?

— Sûrement, et elle supplie Votre Majesté…

— Elle supplie… ah ? vraiment !… Eh bien alors ? Thibault ? Que penses-tu ? Peut-être… après tout… Demain nous nous mettons en campagne… Pour la dernière fois… Remerciez le duc, messire, dit-il en s’adressant à l’envoyé, et dites-lui que probablement… oui…

Le roi prit Thibault à part :

— Écoute, qui est-ce cette madonna Lucrezia ?

— La maîtresse du More, Majesté.

— La maîtresse du More, ah ! c’est dommage…

— Sire, un mot et nous arrangerons tout. S’il vous plaît aujourd’hui même.

— Non, non. Je suis son hôte…