V
Les châtaigniers, les cornouillers et les érables du parc gigantesque étaient baignés de pourpre et d’or par le soleil couchant. Tels des papillons, les feuilles mortes tombaient en volant. L’eau ne jaillissait plus dans les fontaines envahies par l’herbe. Des asters se mouraient parmi les plates-bandes laissées à l’abandon.
En approchant du château, Léonard aperçut un nain. C’était le vieux bouffon de Jean Galéas, resté fidèle à son seigneur, lorsque tous les autres serviteurs avaient quitté le duc agonisant.
Ayant reconnu Léonard, il vint, boitillant et sautillant, à sa rencontre.
— Comment se sent Son Altesse ? demanda l’artiste.
Le nain ne répondit pas, il eut un geste désespéré.
Léonard s’engagea dans l’allée principale.
— Non, non, pas par là ! dit le bouffon, l’arrêtant. On pourrait vous voir. Son Altesse a prié de vous amener secrètement… car, si la duchesse Isabelle se doutait, elle défendrait peut-être… Prenons plutôt ce chemin détourné…
Ils pénétrèrent dans la tour d’angle, montèrent un escalier, passèrent devant de sombres salles, jadis magnifiques, maintenant inhabitées. Les tentures