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Tout était calme. Seules, les hirondelles volaient rapides au-dessus de la tête de l’ouvrier. Le bruit de la foule sur la place ne lui parvenait qu’en faible écho. Parfois il lui semblait entendre les sons de l’orgue, semblables à des soupirs de prières sortant de l’intérieur de l’église, du plus profond de son cœur de pierre, et alors il croyait voir vivre l’édifice énorme, respirant, s’élevant vers le ciel ainsi qu’une éternelle louange, un hymne joyeux de tous les siècles et de tous les peuples à la Vierge très pure.

Mais le bruit augmenta sur la place. Le tocsin retentit.

L’ouvrier s’arrêta, regarda, et la tête lui tourna, ses yeux s’assombrirent. Il se figura que le bâtiment géant oscillait sous lui, que la fine tourelle sur laquelle il grimpait pliait comme un bambou.

— C’est fini, je tombe, songeait-il avec terreur. Seigneur, prends mon âme !

En un dernier effort désespéré il s’accrocha à l’échelle de corde, ferma les yeux et murmura :

Ave, dolce Maria, di grazia piena

Il se sentit renaître. Un vent frais le ranima. Il reprit son souffle, fit appel à toutes ses forces et, n’écoutant plus les voix terrestres, continua son ascension toujours plus haut vers le ciel pur, répétant avec joie :

Ave, dolce Maria, di grazia piena

À ce moment passaient sur le large toit de l’église les membres du Conseil de construction, Consiglio della Fabrica, architectes, italiens et étrangers, invités