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— Sacrebleu ! jura à son tour Gros Guilloche furieux : vauriens, lâchez-le ! Vive la France ! Saint-Denis et Saint-Georges !

Il tira son épée et en aurait transpercé l’étameur si Mascarello, Gorgolio et Mazo n’eussent retenu le Picard par les bras.

Parmi les tables renversées, les bancs, les tonneaux, les éclats de chopes brisées et les mares de vin, une mêlée se produisit. Voyant du sang, les épées tirées et les couteaux levés, Tibald, effrayé, sortit de la taverne et se prit à hurler :

— On assassine ! Les Français pillent !

La cloche du marché s’ébranla. Une autre lui répondit. Les commerçants prudents fermèrent leurs boutiques. Les fripières et les marchandes de légumes se sauvèrent en emportant leurs marchandises.

— Saints martyrs Protasio et Gervasio, protégez-nous ! geignait la grosse Barbaccia.

— Qu’y a-t-il ? Le feu ?

— Sus aux Français !

Le gamin Farfaniccio sautait de joie, sifflait et glapissait :

— Sus, sus aux Français !

Les soldats de la milice parurent enfin, armés d’arquebuses et de hallebardes. Ils arrivèrent à temps pour empêcher la tuerie et arracher des mains du peuple Bonnivar et Gros Guilloche. Arrêtant tout ce qu’ils trouvèrent, ils emmenèrent aussi le cordonnier Corbolo. Ce que voyant, la femme de ce dernier accourut au bruit, leva les bras au ciel et se prit à geindre :