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cœur se fend ! Il n’y a pas à dire, tel peuple, tel vin. Buvons, ami, à notre chère France :


Du grand Dieu soit mauldit à outrance
Qui mal vouldroit au royaume de France !


— Que disent-ils ? demanda tout bas Scarabullo à Gorgolio.

— Des balivernes. Ils déprécient nos vins et louangent les leurs.

— Les voyez-vous monter sur leurs ergots, ces coqs français, grogna l’étameur. La main me démange de les corriger !

Tibald, le patron allemand, qui portait un gros ventre sur de petites jambes maigres, un imposant trousseau de clefs pendu à sa ceinture de cuir, servit aux Français un demi-broc de vin fraîchement tiré à la barrique, non sans regarder avec méfiance ces hôtes étrangers.

Bonnivar d’un trait vida la chope de vin qui lui sembla délicieux, puis cracha et fit une grimace de dégoût. Devant lui passa la fille du patron, Lotta, jolie blonde élancée avec de bons yeux bleus comme ceux de Tibald.

Le Gascon cligna malicieusement de l’œil à son camarade et tortilla crânement sa moustache rousse. Puis, ayant bu une nouvelle chope, entonna la chanson des soldats de Charles VIII :


Charles fera si grandes batailles
Qu’il conquerra les Itailles,
En Jérusalem entrera
Et mont Olivet montera.