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III

— Les Français ! les Français ! Regardez ! disait Gorgolio en désignant deux soldats qui entraient à ce moment dans la taverne.

L’un, gascon, jeune garçon élancé, à la moustache rousse, au joli visage effronté, était sergent dans la cavalerie et s’appelait Bonnivar. Son camarade, picard, le canonnier Gros Guilloche, gros homme déjà âgé, à cou de taureau, apoplectique, avait des yeux à fleur de tête et des boucles d’argent aux oreilles. Tous deux étaient légèrement gris.

— Sacrement de l’autel ! dit le sergent en frappant sur l’épaule de Gros Guilloche. Trouverons-nous enfin dans cette sacrée ville une chope de bon vin ? Cette sale piquette lombarde vous gratte la gorge comme du vinaigre !

Bonnivar, avec une expression méprisante et ennuyée, s’allongea auprès d’une petite table, examina de haut les consommateurs, frappa sur la table avec une chope et cria en mauvais italien :

— Du vin blanc, sec, le plus vieux, et du cervelas salé !

— Oui, mon frérot ! soupira Gros Guilloche, quand je pense au bourgogne de chez nous ou au précieux Beaune doré comme les cheveux de ma Lison, mon