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Léonard le regarda attentivement, voulut se fâcher et ne put.

— Alors, réellement, vous avez la croyance ? interrogea-t-il avec un involontaire sourire.

— Si je l’ai ! s’écria Galeotto. Mais savez-vous, messer, que si Dieu lui-même descendait devant moi à la minute et me disait : « Galeotto, la pierre philosophale n’existe pas », je lui répondrais : « Seigneur, aussi vrai que tu m’as créé, la pierre existe et je la trouverai ! »

Léonard ne répliqua plus, ne s’étonna plus : il écoutait curieusement. Quand la conversation s’engagea sur l’aide diabolique dans les sciences occultes, l’alchimiste remarqua avec un sourire méprisant que le diable était l’être le plus misérable de la Création, qu’il n’existait personne de plus faible que lui. Le vieillard ne croyait qu’à la toute-puissance de la science humaine, assurant que pour elle rien n’était impossible.

Puis, subitement, sans transition, il demanda à Léonard s’il voyait souvent les esprits des éléments. Lorsque son interlocuteur avoua ne jamais les avoir aperçus, Galeotto, de nouveau, n’ajouta pas foi à ces paroles et expliqua avec satisfaction que la salamandre avait un corps allongé, tacheté, fin et dur, et que la sylphide était bleu de ciel, transparente et aérienne. Il parla des nymphes, des ondines, des gnomes, des pygmées et des extraordinaires habitants des pierres précieuses.

— Je ne puis même vous dire, ajouta-t-il, combien ils sont tous bons et charmants…