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l’important. Encore trois ou quatre essais et ce sera chose faite ! Comment fallait-il agir, maître ? La découverte de la plus haute vérité ne peut-elle pas souffrir un petit mensonge ?

— Nous avons l’air de jouer à colin-maillard, messer Galeotto, dit Léonard, haussant les épaules. Vous savez aussi bien que moi que la transmutation des métaux est un mythe, que la pierre philosophale n’existe pas et ne peut exister. L’alchimie, la nécromancie, la magie noire, comme toutes les sciences qui ne sont pas fondées sur la preuve exacte et mathématique, sont des mensonges ou des folies – l’étendard enflé de vent des charlatans, derrière lequel court la populace bête, annonçant leur puissance par ses aboiements…

L’alchimiste fixait sur Léonard ses yeux dilatés et consternés. Tout à coup, il inclina la tête, cligna malicieusement un œil et rit :

— Ah ! cela c’est mal, maître, très mal ! Ne suis-je pas un initié ? Je sais que vous êtes le plus grand des alchimistes, le possesseur des précieux secrets de la nature, le nouvel Hermès Trismégiste, le nouveau Prométhée !

— Moi ?

— Mais oui, vous, certainement.

— Vous plaisantez, messer Galeotto !

— Pas le moins du monde, messer Leonardo ! Ah ! que vous êtes cachottier et malin ! J’ai connu bien des alchimistes jaloux des secrets de la science, mais jamais autant que vous !