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assura que dans la flamme pourpre elle avait vu la gueule du diable. L’alchimiste, à l’aide d’un long crochet de fer, souleva le couvercle du creuset rouge à blanc. L’étain s’agitait, écumait, clapotait. On recouvrit à nouveau le creuset. Le soufflet siffla ; dix minutes après, lorsqu’on plongea dans l’étain une fine lame de fer, tout le monde vit trembler au bout une goutte jaune.

— C’est fini ! dit l’alchimiste.

On sortit le creuset du four, on le laissa refroidir, on le brisa, et sonnant et brillant, devant les invités stupéfaits, un lingot d’or roula.

L’alchimiste le désigna et, s’adressant à Marliani, dit triomphalement :

Solve mihi hunc syllogismum ! Résous-moi ce syllogisme !

— C’est incroyable !… contre toutes les lois de la logique et de la nature ! balbutia Marliani consterné.

Le visage de Galeotto était pâle, ses yeux brillaient inspirés. Il les leva au ciel et s’écria :

Laudetur Deus in æternum qui partem suæ infinitæ potentiæ nobis, suis abjectissimis creaturis communicavit. Amen. Gloire à Dieu qui nous donne à nous, ses indignes créatures, une part de sa toute-puissance. Amen.

À l’épreuve, sur la pierre imprégnée d’acide nitrique le lingot marqua une raie jaune d’un or plus pur que l’or de Hongrie ou d’Arabie.

Tout le monde entoura le vieillard, le félicitant, lui serrant les mains.