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le célèbre adepte des sciences occultes, le comte Bernardo Trevisano. Puis il chercha pendant quinze ans les transformations du mercure dans toutes les substances, le sel de cuisine et le sel ammoniaque, dans différents métaux, dans le bismuth vierge et l’arsenic, le sang humain, la bile et les cheveux, les animaux et les plantes. Un héritage de six mille ducats s’était évaporé dans la fumée. Sa fortune dépensée, il s’attaqua à celle d’autrui. Ses créanciers le firent mettre en prison. Il s’échappa, et durant huit ans il fit des expériences sur les œufs, dont il détruisit plus de vingt mille. Ensuite il travailla avec le protonotaire du pape, maître Enrico, à la fabrication de vitriols, resta malade pendant quatorze mois des suites d’un empoisonnement causé par des émanations, fut abandonné de tous et faillit mourir.

Supportant la misère, les humiliations, les persécutions, il visita, manipulateur errant, l’Espagne, la France, l’Autriche, la Hollande, l’Afrique septentrionale, la Grèce, la Palestine et la Perse. En Hongrie, sur l’ordre du roi, on le soumit à la torture, dans l’espérance qu’il révélerait son secret. Enfin, vieux, fatigué, mais non encore désillusionné, il revint en Italie, sur l’invitation de Ludovic le More, et reçut le titre d’alchimiste de la cour.

Le centre du laboratoire était occupé par un four biscornu, en terre réfractaire, avec de nombreux compartiments, des portes, des creusets et des soufflets. Dans un coin traînaient, sous un amas de poussière, des scories, des mâchefers, semblables à de la lave refroidie.