Il collectionnait tout ce qu’il trouvait. Les uns le considéraient comme un fou ; les autres comme un vantard fourbe ; d’autres enfin comme un grand homme. Son esprit était tellement imprégné de souvenirs païens que Luigi, bon catholique jusqu’à la fin de ses jours, priait sincèrement « le très saint génie Mercure » et gardait la conviction intime que le mercredi, jour consacré au messager ailé des dieux, était spécialement favorable aux opérations commerciales. Rien ne l’arrêtait dans ses recherches. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il se ruinait, pourquoi toute sa vie il supportait de pareils travaux et risquait tant de dangers, Luigi répondait invariablement :
— Je veux ressusciter les morts !
Près des ruines désertes de Lacédémone, dans le Péloponnèse, aux environs de la petite ville de Mistra, il rencontra une jeune et pauvre fille d’une extraordinaire beauté. Il l’épousa, et l’emmena en Italie, avec une nouvelle copie de l’Iliade, des fragments de statues et d’amphores. Il donna à sa fille le nom de Cassandra, en l’honneur de la grande héroïne d’Eschyle, la prisonnière d’Agamemnon, dont il était épris à cette époque.
Peu après sa femme mourut. Luigi résolut d’entreprendre une lointaine exploration, et laissa sa fille à la garde d’un vieil ami, un Grec de Constantinople, convié à la cour de Sforza, le philosophe Demetrius Chalcondylas. Ce vieillard septuagénaire, faux, rusé et dissimulé, qui feignait un zèle ardent pour le christianisme, était de fait, ainsi que nombre de