— Vous avez beaucoup de fantaisies, messer !
Elle se tourna vers lui, colère :
— Comment n’as-tu pas honte ! Pourquoi mens-tu ? Est-ce que je ne te connais pas à fond ? Ne crois pas que je sois jalouse. Mais je ne veux pas, tu entends ? je ne veux pas être une de tes maîtresses !
— Ce n’est pas vrai, Bice ; je le jure sur le salut de mon âme, jamais sur terre je n’ai aimé personne comme toi !
Elle se tut, écoutant avec surprise, non les paroles, mais le son de la voix.
En effet, il ne mentait pas, ou, plutôt, il ne mentait pas tout à fait, car plus il la trompait et plus il l’aimait. Sa tendresse s’enflammait sous l’afflux de honte, de peur, de pitié et de remords.
— Pardonne-moi, Bice, ne fût-ce que parce que je t’aime tant !
Et ils se réconcilièrent.
La possédant et ne la voyant pas dans l’obscurité, il créa dans sa pensée des yeux timides et naïfs, une odeur de violette musquée ; il s’imaginait tenir dans ses bras une autre et trouvait une exquise volupté dans ce sacrilège d’amour.
— Vraiment, aujourd’hui, tu es comme un amoureux, murmura Béatrice, non sans une certaine fierté.
— Oui, je suis amoureux de toi comme aux premiers jours !
— Quelle sottise ! dit-elle en souriant. Comment n’as-tu pas honte ? Il vaudrait mieux songer aux choses sérieuses. Sais-tu qu’il est en voie de guérison…