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IX

En entrant dans sa chambre, le More vit que Béatrice avait déjà soufflé la lumière et s’était mise au lit ; c’était une énorme couche, semblable à un mausolée, placée sur des marches au milieu de la pièce, surmontée d’un baldaquin de soie bleue et cachée par des courtines en drap d’argent.

Il se déshabilla, souleva le coin de la couverture brodée d’or et de perles fines, ainsi qu’une chasuble, et se coucha près de sa femme.

— Bice ? murmura-t-il tendrement. Bice, tu dors ?

Il voulut l’enlacer, mais elle le repoussa.

— Pourquoi ?

— Laissez-moi !… Je veux dormir…

— Pourquoi, dis-moi seulement pourquoi ? Bice, ma chérie, si tu savais combien je t’aime !…

— Oui, je sais que vous nous aimez toutes ensemble, et moi et Cecilia, et même peut-être bien cette esclave de Moscovie, cette grande bête rousse que vous embrassiez ces jours-ci dans un coin de ma garde-robe…

— Pure plaisanterie…

— Merci pour ces plaisanteries !

— Vraiment, Bice, ces derniers temps tu es si froide avec moi, si sévère !… Je suis fautif, certes ; mais c’était une fantaisie de si peu d’importance…