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les lucioles eurent allumé leur fanal dans les lauriers sombres et que, dans le ciel noir, la lune eut montré son lumineux croissant, au-dessus du bienheureux Paradis, la chanson de Lorenzo plana dans l’atmosphère toute empreinte de senteurs d’orangers :


Sois heureux, si tu le veux,
Et ne compte pas sur demain.


VIII

À l’une des quatre tours du palais, le More vit briller une lumière : le premier astronome du duc de Milan, le sénateur et membre du conseil secret, messer Ambrosio da Rosate venait d’allumer la lanterne au-dessus de ses appareils astronomiques. Il observait la prochaine union de Mars, Jupiter et Saturne dans le signe du Verseau, événement qui devait avoir une grande importance pour la maison Sforza.

Le duc se souvint subitement de quelque chose, quitta monna Lucrezia avec laquelle il devisait tendrement sous une tonnelle, revint au palais, consulta sa montre, attendit la minute et la seconde indiquées par l’astrologue pour avaler les pilules de rhubarbe, regarda son calendrier de poche dans lequel il lut la remarque suivante :

« 5 août, 10 heures 8 minutes du soir. Prière fervente