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courant et s’attrapant l’un l’autre, riant comme des enfants, se faufilant entre les buissons de roses et d’orangers. Les hommes mûrs jouaient aux osselets, aux échecs, au trictrac. Les demoiselles et les dames qui ne prenaient part à aucun de ces jeux, réunies en cercle serré, sur les marches de marbre de la fontaine, racontaient à tour de rôle des « nouvelles » comme dans le Décaméron de Boccace.

Dans la prairie voisine, on avait organisé un branle accompagné par la chanson du jeune Lorenzo Médicis, mort tout jeune :


Quant’è bella giovanezza !
Ma si fugge tuttavia;
Chi vuol esser lieto sia :
Di doman non c’è certezza.
Oh ! que la jeunesse est belle
Et éphémère ! Chante et ris
Et sois heureux si tu le veux,
Et ne compte pas sur demain.


Après la danse, une des demoiselles, au son de la viole, chanta une complainte sur le chagrin d’aimer sans être aimé. Les jeux et les rires cessèrent. Tout le monde écoutait. Et quand elle eut fini, pendant longtemps personne ne voulut rompre le silence. Seule la fontaine murmurait. Les derniers rayons du soleil inondèrent d’un reflet rose les noires et plates cimes des pins et le jet éclaboussé en mille gouttelettes de la fontaine. Puis, de nouveau les conversations, les rires et la musique reprirent, et jusqu’au moment où