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— Ceci, qu’est-ce ? continua le duc, en désignant un autre croquis.

Léonard dut encore expliquer que c’était le projet d’une maison de tolérance. Les chambres étaient séparées ; les portes, les couloirs disposés de façon à assurer aux visiteurs le plus complet secret, sans craintes de rencontres.

— À la bonne heure ! dit le duc. Tu ne peux te figurer combien je suis ennuyé des continuelles plaintes de vol et de meurtre dans ces repaires. Avec ton projet, nous aurons de l’ordre et de la sûreté. Il faut absolument que je fasse construire une maison semblable. Je vois, ajouta-t-il souriant, que tu es maître en toutes choses, tu ne dédaignes rien ; dans ton esprit le mausolée pour les dieux côtoie la maison de tolérance ! À propos, continua-t-il, j’ai lu ces jours-ci, dans le livre d’un auteur ancien, qu’on employait jadis un tuyau acoustique, nommé « oreille du tyran Denys », caché dans l’épaisseur des murs et combiné de telle façon que l’on pouvait entendre tout ce qui se disait d’une pièce dans une autre. Crois-tu que l’on puisse installer cet appareil dans mon palais ?

Tout d’abord le duc se sentit embarrassé pour formuler cette demande. Mais il reconquit vite sa désinvolture, se disant que la honte n’était pas de mise devant un artiste. De fait, nullement décontenancé ni préoccupé de savoir si « l’oreille de Denys », était chose bonne ou blâmable, Léonard discutait la question comme s’il s’agissait d’un nouvel appareil, enchanté de l’idée pour expérimenter pendant cette