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Quels projets colossaux tu as ! Bramante, qui est également un constructeur expérimenté, ne m’a jamais demandé pareille somme.

Léonard haussa les épaules.

— Comme il plaira à Votre Seigneurie ! Confiez la direction à Bramante.

— Allons, ne te fâche pas. Tu sais que je ne tolérerais pas qu’on te fasse de la peine.

Ils commencèrent à discuter.

— C’est bien ! Nous déciderons cela demain, conclut le duc, cherchant selon son habitude à traîner l’affaire en longueur, tout en feuilletant les cahiers de Léonard, examinant les croquis, les dessins d’architecture et les projets divers.

L’artiste, que cet examen énervait, fut forcé de donner des explications. L’un des dessins représentait un gigantesque tombeau, une véritable montagne couronnée par un temple à multiples colonnes, avec une coupole à jour pareille à celle du Panthéon de Rome pour éclairer l’intérieur de ce sanctuaire, qui dépassait les splendeurs des Pyramides d’Égypte. Dans la marge étaient marqués des chiffres, la disposition des escaliers, des entrées, des salles combinées pour recevoir cinq cents urnes mortuaires.

— Qu’est-ce ? demanda le duc. Quand et pour qui as-tu composé cela ?

— Pour personne… Ce sont des rêves…

Le More le regarda surpris et secoua la tête.

— Drôles de rêves !… Un mausolée pour des dieux olympiens ou des Titans. Un conte de fées, parole !…