Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée


Dans le second, le poète, comparant Béatrice à la déesse Diane, affirmait que les sangliers et les daims éprouvaient une jouissance à mourir de la main d’une aussi belle chasseresse. Mais le troisième l’emporta sur les précédents. Dante priait Dieu de lui accorder un séjour sur la terre puisque Béatrice y était revenue sous les traits de la duchesse de Milan. « O Giove ! Jupiter, s’écriait Alighieri, puisque tu l’as de nouveau donnée au monde, permets-moi de l’y joindre afin de voir celui à qui Béatrice donne la félicité, le duc Ludovic. »

Le More frappa amicalement sur l’épaule du poète et lui promit du drap pourpre florentin à dix sous la coudée pour l’hiver, mais Bernardo sut en plus obtenir de la fourrure de renard pour le col, assurant avec force grimaces et geignements que sa vieille pelisse était devenue transparente et effilochée « comme du vermicelle séché au soleil ».

— L’hiver dernier, continuait-il à se plaindre, à défaut de bois, j’étais prêt à brûler, non seulement l’escalier, mais encore les souliers de bois de saint François, i zoccoli arderei di san Francesco !

Le duc rit et promit du bois.

Alors, dans un élan de reconnaissance, le poète instantanément composa et récita un quatrain élogieux :


Quand à tes esclaves tu promets du pain
Céleste, ainsi que Dieu, tu leur donnes la manne,
Aussi les neuf Muses et Phœbus le dieu païen,
Ô très noble More, te chantent hosanna !