répondait avec une amabilité courtisanesque qu’il se cachait de honte et d’envie devant le nouveau soleil, le fils de Cecilia et du More.
Le duc prit le sonnet qu’il paya d’un ducat.
— À propos, Bernardo, tu n’as pas oublié, j’espère, que c’est samedi l’anniversaire de la naissance de la duchesse ?
Bellincioni fouilla précipitamment les poches de son habit de cour misérable, en retira un paquet de paperasses sales, et parmi les pompeuses odes sur la mort du faucon de madame Angelica, ou la maladie de la jument pommelée du signor Pallavicini, trouva les vers demandés.
— Trois sonnets au choix, Votre Seigneurie. Par Pégase, vous serez content !
En ces temps, les seigneurs usaient de leurs poètes comme d’instruments de musique, pour chanter des sérénades non seulement à leurs amoureuses, mais aussi à leurs femmes ; et la mode exigeait d’exprimer, entre les époux, l’amour immatériel de Laure et de Pétrarque.
Le More curieusement lut les vers : il se considérait comme un fin connaisseur, « poète dans l’âme » bien qu’il n’eût jamais pu rimer. Dans le premier sonnet, trois strophes lui plurent. Le mari disait à la femme :
Sputando in terra quivi nascon fiori,
Comme di primavera le viole…
Là où tu craches sur la terre
Naissent des fleurs, comme au printemps
Les violettes…