berceau. Madonna Cecilia ne cesse de l’admirer. Elle m’a chargé de vous demander quel nom vous désirez lui donner…
— J’y ai déjà songé, dit le duc. Bernardo, si nous le nommions César ! Qu’en penses-tu ?…
— César ? En effet, le nom est joli et sonne bien. Oui, oui, César Sforza est un nom de héros !
— Et le mari comment est-il ?
— Le comte Bergamini est bon et aimable comme toujours.
— Quel excellent homme ! fit le duc avec conviction.
— Excellentissime ! approuva Bellincioni. J’ose dire un homme de rares qualités ! Il est difficile maintenant de trouver des gens de cette sorte. Si la goutte ne l’en empêche pas, le comte viendra au moment de souper présenter ses hommages à Votre Seigneurie.
La comtesse Cecilia Bergamini, dont il était question, avait été l’ancienne maîtresse de Ludovic le More. Béatrice, à peine mariée, ayant appris cette liaison du duc, s’était prise de jalousie et avait menacé celui-ci de retourner chez son père, le duc de Ferrare, Hercule d’Este, et le More fut forcé de jurer solennellement en présence des ambassadeurs qu’il n’attenterait point à la fidélité conjugale, en foi de quoi il avait marié Cecilia au vieux comte Bergamini, homme ruiné, servile, prêt à toutes les besognes.
Bellincioni, tirant de sa poche un papier, le tendit au duc. C’était un sonnet en l’honneur du nouveau-né ; un petit dialogue dans lequel le poète demandait au dieu Soleil pourquoi il se cachait. Et le Soleil