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Le duc revint dans sa petite salle de travail (studiolo). Là l’attendait son premier secrétaire, directeur des ambassades étrangères, messer Bartolomeo Calco.


IV

Assis dans son haut fauteuil, Ludovic le More caressait doucement de sa main blanche et soignée ses joues et son menton soigneusement rasés.

Son beau visage avait ce cachet particulier de sincérité que possèdent seuls les plus astucieux politiques. Son grand nez aquilin, ses lèvres fines et tortueuses rappelaient son père, le grand condottiere Francesco Sforza. Mais si Francesco, selon l’expression des poètes, était en même temps lion et renard, son fils n’avait hérité de lui que la ruse du renard sans la vaillance du lion.

Le More portait un habit très simple en soie bleu pâle avec ramages ton sur ton ; la coiffure à la mode pazzera couvrait ses oreilles et son front presque jusqu’aux sourcils, semblable à une épaisse perruque. Une chaîne d’or pendait sur sa poitrine. Dans ses manières, vis-à-vis de tous, perçait une politesse raffinée.

— Avez-vous quelques renseignements exacts, messer Bartolomeo, sur le passage des troupes françaises à Lyon ?

— Aucun, Votre Seigneurie. Chaque jour on dit : «