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Elle avait des périodes de spleen. Alors, des jours entiers elle pleurait un enfant imaginaire et ennuyait à tel point tout le monde qu’on l’enfermait dans le grenier. Et maintenant, blottie dans un coin de l’escalier, les genoux emprisonnés dans ses bras, se balançant en mesure, Morgantina pleurait et sanglotait.

Béatrice s’approcha d’elle et caressa sa tête.

— Tais-toi, sois sage…

La folle, levant sur elle ses yeux bleus, hurla :

— Ho ! ho ! ho ! on m’a enlevé mon trésor ! Et pourquoi, Seigneur ? Il ne faisait de mal à personne. Il me consolait…

La duchesse sortit dans la cour où l’attendaient les chasseurs.


III

Entourée de piqueurs, de fauconniers, de veneurs, de palefreniers, de dames de cour et de pages, elle se tenait droite et fière sur son étalon bai, non pas comme une femme, mais comme un écuyer émérite. « La reine des amazones ! » songea orgueilleusement le duc Ludovic le More, sorti sur le perron pour admirer le départ de sa femme.

Un fauconnier en livrée brodée d’or et d’armoiries suivait à cheval la duchesse.