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est témoin que ce ne serait que pour plaire à Votre Seigneurie !

Et elle ajouta pensive :

— C’est possible aussi… sans magie…

La duchesse l’interrogea du regard.

— En venant ici, je traversais le jardin ducal, continua monna Sidonia indifférente. Le jardinier cueillait de superbes pêches mûres, probablement un cadeau pour messer Jean Galéas…

Elle se tut une seconde et ajouta :

— Il paraît que dans le jardin du maître florentin Léonard de Vinci, il y a aussi des pêches merveilleuses ; seulement elles sont empoisonnées…

— Comment, empoisonnées ?

— Oui, oui. Monna Cassandra, ma nièce, les a vues…

La duchesse ne répondit pas. Son regard resta impénétrable. Ses cheveux étant secs, elle se leva, rejeta son sciavonetto et descendit dans ses salles d’atours. Dans la première, pareille à une superbe sacristie, étaient pendus quatre-vingt-quatre costumes. Les uns, par suite de la profusion d’or et de pierreries, étaient tellement raides qu’ils pouvaient, sans soutien, se tenir debout. D’autres étaient transparents et légers comme des toiles d’araignée. La seconde salle contenait les habits de chasse et les harnais. La troisième, consacrée aux parfums, aux lotions, aux onguents, aux poudres dentifrices à base de corail blanc et de poudre de perles, contenait une incalculable collection de flacons, de boîtes, de masques, tout un laboratoire d’alchimie