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sortît, mais madonna Isabella a répondu qu’il était souffrant, couché…

Monna Sidonia, de nouveau, se mit à chuchoter à l’oreille de la duchesse. Tout d’abord, Béatrice écouta attentivement, puis se retournant en colère elle cria :

— Tu es folle, vieille sorcière ! Comment oses-tu ! Je vais donner tout de suite l’ordre de te précipiter du haut de cette terrasse, de façon que les corbeaux ne puissent même ramasser tes os !

La menace n’effraya pas monna Sidonia. Béatrice se calma vite.

— Du reste, murmura-t-elle en jetant un regard fuyant à la vieille, du reste, je ne crois pas à cela.

L’autre haussa les épaules :

— À votre guise !… mais ne pas croire est impossible. Voici comment cela se pratique, continua-t-elle insinuante : on pétrit une statuette en cire, on met à droite le cœur d’une hirondelle, à gauche, le foie ; on traverse les deux organes avec une longue épingle en prononçant les paroles d’exorcisme, et celui que représente la statuette meurt de mort lente. Aucun savant docteur ne peut remédier à cela.

— Tais-toi ! interrompit la duchesse. Ne me parle jamais de cela !…

La vieille baisa le bas de la robe.

— Ma merveille ! Mon soleil ! Je vous aime trop. Voilà mon péché ! Je prie pour vous en pleurant, chaque fois que l’on chante le Magnificat aux vêpres de saint Francisque. Les gens disent que je suis une sorcière, mais si je vendais mon âme au diable, Dieu