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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

données. Dans ce pays-là on pousse la politesse si loin que le bourreau, paraît-il, en laissant tomber le couperet ne manque pas de dire au patient s’il vous plaît[1].

Quoi qu’il en soit, mon bon gendarme se chargea de prendre les informations qui m’étaient nécessaires. On ne délivrait de billets que pour Pontarlier. Peut-être le chemin de fer allait-il plus loin, mais on ne pouvait rien garantir.

Je montai donc eu wagon ; le train partit avec une allure de procession aux jours de grande fête. On arriva cependant.

La station était encombrée de soldats. Il tombait une petite pluie fine, et ces pauvres défenseurs de la France campaient dans la fange, tout trempés, éreintés et grelottants. Au lieu d’être réunis en faisceau, leurs chassepots, rouges de rouille, gisaient épars dans la boue. Les uniformes étaient variés, mais tous avaient une teinte sale et terreuse que l’artiste chercherait en vain à reproduire. C’était un bar-

  1. Il est presque inutile de faire observer que nous accusons les Italiens d’abuser des formules cérémonieuses et de multiplier les titres honorifiques.