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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

s’entrouvre pour laisser passer un personnage d’importance.

C’était l’intendant du château portant, d’ailleurs, blouse et sabots comme les autres paysans. Il m’invite à boire un coup chez le vicomte de Vogüé, bloqué dans Paris, et dont le neveu, capitaine de cavalerie, avait péri à Wœrth.

J’acceptai sans me faire prier.

Je traversai une demi-douzaine de salles magnifiques, mais la solitude et le froid les rendaient si tristes que je préférai le bon feu de l’immense cuisine. Je fis sécher mon manteau, tellement trempé qu’il était devenu aussi pesant qu’une armure du moyen âge.

L’intendant revint avec deux coupes de cristal de Bohême sur un plateau de métal et une bouteille couverte d’une vénérable poussière.

Il s’excusa de ne pas me servir sur un plateau d’argent, « car, dit-il, l’argenterie est cachée à cause de ces gredins de Prussiens qui pillent tout et sont si près de nous. »

J’acceptai d’autant plus volontiers les excuses du bonhomme que la bouteille était pleine de promesses.