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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

une table préparée autour de laquelle plusieurs voyageurs attendaient. Parmi eux, une jeune dame, un officier de mobiles, et un adolescent portant le costume bizarre des francs-tireurs bretons. On me rendit mon salut et je m’assis.

— À la guerre comme à la guerre ! — me dit un vieux monsieur portant une large cravate et une longue redingote noire. Il m’indiqua la table où il y n’avait encore que quelques petits pains.

On finit par nous apporter une soupière pleine d’un bouillon transparent comme la mer dans le golfe de Sorrente, puis de l’agneau, ensuite du fromage, et puis ce fut tout.

La conversation s’engagea, et je demandai à l’officier de mobiles à quelle armée il appartenait.

— À l’armée de la Loire, dit-il.

Et je me rappelai les brillantes armées françaises, les longues files de tentes alignées comme des allées de peupliers qui blanchissaient nos plaines de Lombardie en 1859. Je me rappelai les régiments compacts de cavalerie qui traversant nos campagnes et soulevant des nuages