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faisait noyer dans le Nil les fils premiers-nés,
Nous crions vers vous, Seigneur.
Comme les douze tribus dont les oppresseurs augmentaient tous les jour les travaux, en retranchant chaque jour quelque chose de leur nourriture,
Nous crions vers vous, Seigneur.
Comme toutes les nations de la terre, avant qu’eût lui l’aurore de la délivrance,
Nous crions vers vous, Seigneur.
Comme le Christ sur la croix, lorsqu’il dit : Mon Père, mon Père, pourquoi m’avez-vous délaissé ?
Nous crions vers vous, Seigneur.

Ô Père ! vous n’avez point délaissé votre fils, votre Christ, si ce n’est en apparence et pour un moment ; vous ne délaisserez point non plus à jamais les frères du Christ. Son divin sang, qui les a rachetés de l’esclavage du Prince de ce monde, les rachètera aussi de l’esclavage des ministres du Prince de ce monde. Voyez leurs pieds et leurs mains percés, leur côté ouvert, leur tête couverte de plaies sanglantes. Sous la terre que vous leur aviez donnée pour héritage, on leur a creusé un vaste sépulcre, et on les y a jetés pêle-mêle, et on en a scellé la pierre d’un sceau sur lequel on a, par moquerie, gravé votre saint nom. Et ainsi, Seigneur, ils sont là gisants ; mais ils n’y seront pas éternellement. Encore trois jours, et le sceau sacrilège sera brisé,