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être à votre pauvre âme fatiguée ce qu’est, sur le midi, au coin d’un champ, l’ombre d’un arbre, si chétif qu’il soit, à celui qui a travaillé tout le matin sous les ardents rayons du soleil.

Vous vivez en des temps mauvais, mais ces temps passeront.

Après les rigueurs de l’hiver, la Providence ramène une saison moins rude, et le petit oiseau bénit dans ses chants la main bienfaisante qui lui a rendu et la chaleur et l’abondance, et sa compagne et son doux nid.

Espérez et aimez. L’espérance adoucit tout, et l’amour rend tout facile.

Il y a en ce moment des hommes qui souffrent beaucoup parce qu’ils vous ont aimés beaucoup. Moi, leur frère, j’ai écrit le récit qu’ils vous ont fait pour vous et de ce qu’on a fait contre eux à cause de cela ; et, lorsque la violence se sera usée d’elle-même, je le publierai, et vous le lirez avec des pleurs alors moins amers, et vous aimerez aussi ces hommes qui vous ont tant aimés.

À présent, si je vous parlais de leur amour et de leurs souffrances, on me jetterait avec eux dans les cachots.