Maudit soit le Christ, qui a ramené sur la terre la Liberté.
Après quoi, s’étant rassis sur leurs sièges de fer, le premier dit :
Mes frères, que ferons-nous pour étouffer la Liberté ? Car notre règne est fini, si le sien commence. Notre cause est la même : que chacun propose ce qui lui semblera bon.
Voici pour moi le conseil que je donne. Avant que le Christ vînt, qui se tenait debout devant nous ? C’est sa religion qui nous a perdus : abolissons la religion du Christ.
Et tous répondirent : Il est vrai. Abolissons la religion du Christ.
Et un second s’avança vers le trône, prit le crâne humain, y versa du sang, le but, et dit ensuite :
Ce n’est pas la religion seulement qu’il faut abolir, mais encore la science et la pensée ; car la science veut connaître ce qu’il n’est pas bon pour nous que l’homme sache, et la pensée est toujours prête à regimber contre la force.
Et tous répondirent : Il est vrai. Abolissons la science et la pensée.
Et ayant fait ce qu’avaient fait les deux premiers, un troisième dit :
Lorsque nous aurons replongé des hommes dans l’abrutissement en leur ôtant et la religion, et la science, et la pensée, nous aurons fait beaucoup, mais il nous restera quelque chose encore à faire.