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Et au milieu de la salle s’élevait un trône composé d’ossements, et au pied du trône, en guise d’escabeau, était un crucifix renversé ; et devant le trône, une table d’ébène, et sur la table, un vase plein de sang rouge et écumeux, et un crâne humain.

Et les sept hommes couronnés, paraissaient pensifs et tristes, et, du fond de son orbite creux, leur œil de temps en temps laissait échapper des étincelles d’un feu livide.

Et l’un d’eux s’étant levé s’approcha du trône en chancelant, et mit le pied sur le crucifix.

En ce moment, ses membres tremblèrent, et il sembla près de défaillir. Les autres regardaient immobiles ; ils ne firent pas le moindre mouvement, mais je ne sais quoi passa sur leur front, et un sourire qui n’est pas de l’homme contracta leurs lèvres.

Et celui qui avait semblé près de défaillir étendit la main, saisit le vase plein de sang, en versa dans le crâne, et le but.

Et cette boisson parut le fortifier.

Et dressant la tête, ce cri sortit de sa poitrine comme un sourd râlement :

Maudit soit le Christ, qui a ramené sur la terre la Liberté !

Et les six autres hommes couronnés se levèrent tous ensemble, et tous ensemble poussèrent le même cri :