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Et alors ce qui jusque-là ne m’avait semblé qu’un homme, m’apparut comme une multitude de peuples et de nations.

Et mon premier regard ne m’avait pas trompé, et le second ne me trompait pas non plus.

Et ces peuples et ces nations, se réveillant sur leur lit d’angoisse, commencèrent à se dire :

D’où viennent nos souffrances et notre langueur, et la faim et la soif qui nous tourmentent, et les chaînes qui nous courbent vers la terre et entrent dans notre chair ?

Et leur intelligence s’ouvrit, et ils comprirent que les fils de Dieu, les frères du Christ, n’avaient pas été condamnés par leur père à l’esclavage, et que cet esclavage était la source de tous leurs maux.

Chacun donc essaya de rompre ses fers, mais nul n’y parvint.

Et ils se regardèrent les uns et les autres avec une grande pitié, et, l’amour agissant en eux, ils se dirent : Nous avons tous la même pensée, pourquoi n’aurions-nous pas tous le même cœur ? Ne sommes-nous pas tous les fils du même Dieu et les frères du même Christ ? Sauvons-nous ou mourons ensemble.

Et ayant dit cela, ils sentirent en eux une force divine, et j’entendis leurs chaînes craquer, et ils combattirent six jours contre ceux qui les avaient enchaînés, et le sixième jour ils furent vainqueurs, et le septième fut un jour de repos.

Et la terre, qui était sèche, reverdit, et tous purent