comme d’un sentiment qui serait un mélange inexprimable de l’une et de l’autre.
Et l’Esprit me dit : Pourquoi es-tu triste ?
Et je répondis en pleurant : Oh ! voyez les maux qui sont sur la terre.
Et la forme céleste se prit à sourire d’un sourire ineffable, et cette parole vint à mon oreille :
Ton œil ne voit rien qu’à travers ce milieu trompeur que les créatures nomment le temps. Le temps n’est que pour toi : il n’y a point de temps pour Dieu.
Et je me taisais, car je ne comprenais pas.
Tout à coup l’Esprit : Regarde, dit-il.
Et, sans qu’il y eût désormais pour moi ni avant ni après, en un même instant, je vis à la fois ce que, dans leur langue infirme et défaillante, les hommes appelaient passé, présent, avenir.
Et tout cela n’était qu’un, et cependant, pour dire ce que je vis, il faut que je redescende au sein du temps, il faut que je parle la langue infirme et défaillante des hommes.
Et toute la race humaine me paraissait comme un seul homme.
Et cet homme avait fait beaucoup de mal, peu de bien, avait senti beaucoup de douleurs, peu de joies.
Et il était là, gisant dans sa misère, sur une terre tantôt glacée, tantôt brûlante, maigre, affamé, souffrant, affaissé d’une langueur entremêlée de convulsions,